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Mars
Article de l OBS sur le temoignage d'un animateur et des tap
Par Abida Haneefa • Publié le 17/03/2016
Rythmes scolaires: animateur, je m'occupe de 18 élèves. Impossible d'assurer leur sécurité

LE PLUS. Dégradation des conditions de travail, de la sécurité des mineurs et de la qualité éducative des accueils périscolaires. Les résultats d'un sondage du syndicat éducation populaire (Sep-Unsa) sont sans appel : les animateurs estiment que la réforme des rythmes scolaires a empiré leur quotidien et celui des élèves. Vincent Ritt est l'un d'eux, il témoigne.Édité et parrainé par Rozenn Le CarboulecPublié le 16-03-2016 à 16h55 - Modifié le 17-03-2016 à 15h20 Extrait de l article de l OBS, le plus,

Un animateurs pour 14 enfants... puis pour 18

À l'heure où le gouvernement veut adopter définitivement un décret dit "provisoire" il y a trois ans, j'aimerais vous présenter mon métier qui me passionne et essayer de vous expliquer pourquoi, aujourd'hui, je suis toutefois en colère. En grande partie parce que notre gouvernement préfère mener une politique économique plutôt qu'une politique sociale dans notre secteur.

La réforme des rythmes scolaires a vu naître un nouveau fonctionnement au sein de structures périscolaires existantes. Je ne peux malheureusement pas faire de généralités, étant donnée la diversité de fonctionnement entre chaque commune. En effet, chacune est libre d'appliquer la réforme des rythmes comme elle l’entend, ce qui crée des différences énormes entre les collectivités. Certaines écoles d'une commune continuent à avoir des horaires standards, afin de libérer le vendredi après-midi pour le temps d'activités périscolaires, alors que d'autres préfèrent finir plus tôt tous les jours afin de proposer aux enfants des activités périscolaires chaque soir. Des fonctionnements très différents, donc.

Il y a trois ans, sous pression de l'association des maires de France, le gouvernement décide de diminuer le taux d'encadrement des accueils périscolaires afin que la réforme des rythmes passe mieux au sein des collectivités. Au lieu d'un animateur pour 14 enfants de plus de 6 ans, nous passons à un animateur pour 18 enfants de plus de 6 ans. Pour les maternelles, même traitement, nous passons d'un animateur pour 10 enfants de moins de 6 ans à un animateur pour 14 enfants.

Quatre enfants... Vous allez me dire que cela ne change pas grand-chose, mais pourtant. On nous demande de mettre en place des activités éducatives de qualité, or on nous augmente le nombre d'enfants par groupe. On ne gère pas une activité de la même façon quand on a 14 enfants ou 18, et je ne parle même pas des maternelles.

Pendant trop longtemps, nous n'avons pas été entendus

Le Sep-Unsa, en partenariat avec le Journal de l'animation, la CFDT et le Snesip CFE CGC, a lancé une enquête nationale auprès des animateurs pour répondre à celle lancée auprès des maires de France qui se disent ravis de la réforme.

Voilà les réponses recueillies des animateurs :

 "87% des animateurs considèrent que les nouveaux taux d’encadrement ont conduit à une dégradation de la qualité éducative des accueils périscolaires,

81% des animateurs considèrent que les nouveaux taux d’encadrement ont conduit à une dégradation de la sécurité des mineurs,

91% des animateurs considèrent que les nouveaux taux d’encadrement ont conduit à une dégradation de leurs conditions de travail."

 Des chiffres qui ne sont pas du tout étonnants. Pendant trop longtemps, nous, animateurs, nous n'avons pas été entendus, à aucun moment nous n'avons eu notre mot à dire.

Difficile d'assurer la sécurité de 18 enfants quand on est seul

Nous travaillons tous les jours avec vos enfants, nous mettons tout en œuvre pour leur proposer des activités variées, ambitieuses, éducatives, de qualité, pour assurer leur sécurité physique et morale. Mais aujourd'hui nous n'y arrivons plus.

Il est très difficile d'assurer la sécurité de 18 enfants quand on est seul et qu'on veut faire autre chose que de la garderie. Il est très difficile d'assurer une animation de qualité pour 18 enfants quand on est seul et qu'on doit avoir un œil sur tout le monde. Enfin, il est très difficile d'encadrer tout simplement un groupe de 18 enfants quand on est seul. Nous ne sommes pas dans un cadre scolaire mais bel et bien dans un cadre de loisirs éducatifs. Nous sommes animateurs et non surveillants.

Notre président avait fait de l'éducation populaire une priorité lors de sa campagne, alors il est temps d'agir aujourd'hui et nous demandons à ce que celle-ci soit enfin valorisée. Donnez-nous les moyens de réaliser nos ambitions, pour les enfants d'aujourd'hui qui seront les adultes de demain.

 

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